Pour la saison 2013-2014, Voce Tolosa a souhaité aborder une des plus grandes oeuvres du répertoire de musique sacrée : le Requiem de Mozart, et a voulu produire cette oeuvre magistrale avec un accompagnement orchestral.
Pour ce faire, Voce Tolosa a lancé en septembre 2013 une souscription auprès de particuliers et de sociétés, afin de recueillir les fonds permettant de monter un orchestre adéquat. Nombreux ont été ceux qui ont répondu à l’appel de Voce Tolosa, au premier rang desquels se trouvent les sociétés Mipnet et Actuel Orthopédie. Et nous avons pu monter un orchestre en faisant appel à des jeunes issus du Conservatoire.
Deux concerts ont été organisés en juin 2014 à Toulouse sous la direction d’Olivier Perny : le premier à l’église Saint Exupère le dimanche 22 juin , le deuxième à la chapelle Sainte Anne le mardi 24 juin.
Le quatuor de solistes était composé de : Pauline Larivière (soprano), Joëlle Gay (mezzo), Pierre Perny (ténor) et Antonio Guirao (bassse).
En première partie du concert, Pauline Larivière a chanté le motet « Exsultate, jubilate », composé aussi par Mozart.
Nous avons aussi eu le plaisir d’accueillir pour ces concerts une vingtaine de choristes de l’ensemble madrilène Sociedad Händel y Haydn, inaugurant ainsi une collaboration qui devrait se poursuivre dans les années futures par des concerts communs à Madrid et Toulouse.
Ces deux concerts ont été des moments de grâce, et le public, très nombreux (nous avons eu du mal à trouver des places assises pour tous, en particulier au concert de Ste Anne), ne s’y est pas trompé, si on en juge par l’émotion que nous ont rapportée beaucoup de spectateurs. Un grand merci à tous, notre chef d’abord, mais aussi les solistes, les instrumentistes (qui demandent à jouer de nouveau avec Voce Tolosa), les choristes, français et espagnols, sans oublier les souscripteurs et les équipes paroissiales qui nous ont accueilli.
Quelques mots sur les œuvres.
Exsultate, jubilate (KV. 165)
En janvier 1773, Mozart a 17 ans. L’enfant prodige qui, dès l’âge de 6 ans, a émerveillé les cours princières européennes, est devenu un jeune homme sûr de son art. Il vient d’entrer au service du prince-archevêque Colloredo à Salzbourg, avec lequel il aura des relations difficiles jusqu’à son départ pour Vienne en mars 1781.
Lors de son troisième voyage en Italie (octobre 1772 – mars 1773), toujours accompagné par son père Léopold, il écrit le motet « Exsultate, jubilate » pour le castrat Venanzio Rauzzini qu’il avait admiré précédemment et à qui il avait confié un rôle dans son opéra Lucio Silla, juste achevé. Le chanteur crée « Exsultate, jubilate » à Milan le 17 janvier 1773, à l’église des Théatins. Le jeune Mozart réussit là un chef-d’œuvre absolu.
Le motet se compose de trois mouvements vif-lent-vif (le premier et le second étant séparés par un court récitatif). Le mouvement final est un véritable tour de force pour la soprano qui doit vocaliser avec brio uniquement sur le mot « Alleluia ».
Le texte est en latin et son auteur reste inconnu. Il chante la joie des âmes bienheureuses. Le mouvement lent est un hommage à la Vierge Marie. Enfin, Mozart est le seul compositeur ayant composé un « Exsultate, jubilate ».
Requiem en ré mineur (KV. 626)
1791 : Mozart a 35 ans et est à Vienne depuis 1781. Il est l’un des premiers musiciens indépendants de l’histoire et a enchaîné les succès (L’enlèvement au sérail, Les noces de Figaro, Don Giovanni, …) mais aussi les difficultés, notamment financières au point que le couple Mozart (Wolfgang Amadeus a épousé Constance Weber en 1782) a du mal à joindre les deux bouts. De plus, les naissances et les décès se succèdent dans leur foyer (seuls 2 enfants survivront sur les 10 ayant vu le jour) et Constance est souvent malade.
C’est dans ce contexte que parvient à Mozart, dans le courant de l’été 1791, la commande par un aristocrate (le comte Franz von Walsegg) d’une Messe des morts. Le comte a perdu sa jeune épouse en février et veut faire croire qu’il a écrit lui-même une messe funèbre pour la diriger lui-même à chaque anniversaire de la mort de son épouse.
A part l’Ave Verum, Mozart n’a pas écrit d’œuvre sacrée depuis la Messe en ut mineur (1783). Il a postulé au titre de musicien de la cathédrale Saint Etienne (pas celle de Toulouse !) et a besoin d’argent. Il accepte donc la commande mais ne peut commencer à écrire le Requiem que début octobre, après la création de la Flûte enchantée.
Malheureusement, sa santé se détériore brutalement le 18 novembre (les causes ne sont pas certaines : il pourrait s’agir d’une fièvre rhumatismale ou d’une intoxication due à la surconsommation d’une liqueur médicinale contenant du … mercure).
Dès lors, Mozart travaille à son Requiem jusqu’à l’épuisement, en se faisant aider par ses élèves. Il en a pensé tout le déroulement mais ne peut vraiment achever que l’Introït (avec l’orchestration complète) ; pour le Kyrie, il compose les parties vocales, les cordes et la ligne d’accompagnement. A partir du Dies Irae et jusqu’aux 8 premières mesures du Lacrimosa, il n’a le temps d’écrire que les parties chantées ; il donne également les lignes vocales de l’Offertoire. Pour le reste (Sanctus, Benedictus, Agnus Dei), il rédige des esquisses (perdues) dont il est impossible aujourd’hui d’évaluer l’importance. Le Communio reste à écrire complètement.
Mozart meurt le 5 décembre, sans avoir pu terminer son Requiem.
Alors, à court d’argent, Constance veut faire achever le Requiem et le livrer à son commanditaire en faisant croire que Mozart a eu le temps de le finir. Elle se tourne vers Süssmayr, un des élèves de Mozart, dont la graphie ressemblait beaucoup à celle de son maître. Les ajouts de Süssmayr n’ont pas trop dégradé le chef d’œuvre qui avait été pensé par Mozart dans sa totalité, et on peut se réjouir qu’il ait pu compléter la partition, même si Mozart aurait sûrement développé différemment certaines parties comme les fugues des Osanna.