Saison 2018

La saison 2017-2018 a été toute entière consacrée au travail d’un programme ambitieux avec l’objectif de le donner à 3 concerts en juin 2018 à Toulouse et autour de Toulouse :

  • la Grande messe en ut mineur de Mozart,
  • la cantate BWV 191 de Bach, « Gloria in excelsis Deo », seule cantate écrite en latin par Bach, et qui est en fait une parodie d’une messe datant de 1733, laquelle messe allait fournir le matériau pour le Kyrie et le Gloria de la messe en si mineur.

Le choeur s’est enrichi de l’arrivée de très bonnes recrues dans tous les pupitres et a atteint un effectif de 60 choristes, qui s’est révélé adapté aux doubles choeurs de la Grande messe en ut (Qui tollis, Sanctus et Osanna) mais qui représente une limite à ne pas franchir, notamment pour les questions de place dans les églises ….

Trois concerts ont été donnés ; – dimanche 17 juin, 17h, à l’église Saint Aubin (Toulouse), devant 327 spectateurs, – mardi 19 juin, 20h30, à l’église Saint Exupère (Toulouse), devant 218 spectateurs, – dimanche 24 juin, 17h, à l’église Sainte Marie-Madeleine (Pibrac), devant 199 spectateurs.

En introduction aux concerts, le public a pu écouter un magnifique concerto pour violoncelle de Vivaldi (RV 424, en si mineur), interprété par Sylvain Linon. Pour les oeuvres vocales, les solistes étaient : Béatrice Buiron et Fiona Hick (sopranes), Xavier Luc (ténor) et Nicolas Abella (baryton). L’orchestre comportait 22 musiciens : 3 violons 1, 3 violons 2, 2 altos, 2 violoncelles, 1 contrebasse, 1 clavecin, 1 flûte, 2 hautbois, 2 bassons, 2 trompettes, 2 trombones et des timbales.

Eglise Saint Exupère (Toulouse), le 19 juin 2018

Extraits audio des concerts

Voici quelques extraits du concert donné à Pibrac le dimanche 24 juin : 1) Vivaldi – Concerto pour violoncelle (RV 424), mouvement 1 (Allegro non molto)- Soliste : Sylvain Linon

Présentation des œuvres

VIVALDI – Concerto pour violoncelle en si mineur (RV 424)

Antonio Vivaldi fut un violoniste virtuose et un compositeur extrêmement fécond, en particulier de concertos, puisqu’on dénombre au total 507 concertos, d’une extraordinaire variété par les formes instrumentales (concertos grosso, concertos pour solistes, concertos pour orchestre à cordes, sinfonias, …), par les instruments utilisés (violon bien sûr mais aussi violoncelle, viole d’amour, hautbois, basson, flûte à bec, flûte traversière, flûte piccolo, salmoè, cor, trompette, luth, mandoline, orgue, clarinette) et par l’inspiration des thèmes (liés en particulier à la nature, comme les Quatre Saisons).

Parmi les 25 concertos pour violoncelle, on trouve le merveilleux concerto en si mineur (RV 424). Sa structure est habituelle, en 3 mouvements (Allegro non molto, Largo, Allegro), avec un mouvement (Largo) sublime, dans lequel le violoncelle solo peut exprimer toute sa sensibilité, accompagné au continuo par un autre violoncelle et le clavecin.

BACH – Cantate « Gloria in excelsis Deo » (BWV 191)

La cantate « Gloria in excelsis Deo » a été écrite pour Noël, comme indiqué en tête du manuscrit de la main même de Bach et a été probablement donnée pour la première fois en 1745 en un service de Noël spécial pour célébrer le Traité de Dresde.

Contrairement aux autres cantates religieuses de Bach, le texte de la cantate BWV 191 n’est pas en allemand mais en latin. C’est la seule dans ce cas chez Bach parmi les quelque deux cents cantates qui nous sont parvenues.

La cantate est écrite pour trois trompettes, timbales, deux flûtes, deux hautbois, cordes et basse continue, deux voix solistes (soprano et ténor) et un inhabituel chœur à cinq voix, SATB avec une double partie de soprano.

Ses trois mouvements réutilisent une composition antérieure, une messe (Kyrie et Gloria) que Bach avait écrite en 1733 et qui allait être intégrée dans sa monumentale Messe en si mineur de 1748.

C’est dire que nous avons dans cette cantate éclatante un concentré du génie de Bach !

MOZART – Grande messe en ut mineur (KV 427)

La grande messe en ut mineur de Mozart a été donnée pour la première fois le 26 octobre 1783 à Salzbourg, au cours du dernier séjour de Mozart dans sa ville natale. Sa femme, Constance, était une des 2 solistes sopranos.

C’est une œuvre très particulière dans l’abondante production de musique religieuse du divin Mozart :

  • elle est à la fois la première messe de Mozart qui n’ait pas été commanditée et la dernière qu’il ait composée,
  • après cette messe, Mozart n’écrira plus de musique religieuse avant 1791, année de composition de l’Ave Verum et du Requiem, et aussi de sa mort,
  • Mozart a donc décidé d’écrire cette messe, et ce en guise d’action de grâces pour le rétablissement de sa fiancée de l’époque, Constance, qu’il épousera en 1782. Début 1783, Mozart, dans une lettre adressée à son père, lui fait part de sa promesse et de l’achèvement à moitié de sa messe.
  • Mozart ne terminera jamais sa messe. Manquent en particulier la plus grande partie du Credo et l’Agnus Dei. Pourquoi ? Plusieurs explications sont possibles :
    • le 26 octobre 1783 était l’occasion de fêtes de grande solennité à Salzbourg, et la tradition voulait que le Credo fût exclu de la messe : on peut donc imaginer que, même incomplète, la messe convenait bien pour l’occasion ;
    • le 19 août de la même année, les jeunes époux Mozart perdaient leur 1er enfant (décédé à l’âge de 2 mois) : on pourrait comprendre que Mozart n’ait pas eu le cœur à achever une messe dont l’écriture avait été décidée au cours de ses fiançailles ;
    • d’autre part, installé depuis peu à Vienne et soucieux de conquérir un nouveau public, Mozart préférait probablement se consacrer à une musique plus séduisante pour ce public : concertos, symphonies, musique de chambre et, bien sûr, opéras.
  • enfin, Mozart vient de découvrir la musique de Bach et de Haendel dans les soirées données par le baron van Swieten à Vienne, auxquelles il participe tous les dimanches. Dans une lettre du 10 avril 1782 à son père, il déclare se constituer une collection des fugues des Bach père et fils (Carl Philip Emmanuel et Wilhelm Friedemann) et de Haendel. On sait qu’il se lança alors à corps perdu dans l’étude de la fugue. Dès avril 1782, Mozart adaptait pour quatuor à cordes des fugues de Bach.

On trouve donc l’influence des grands maîtres de la musique baroque dans maints passages dans la messe en ut, en particulier dans le Cum Sancto Spiritu (fugue à 4 voix) et les Osannas (fugues à 8 voix).

Mais l’intérêt de la grande messe en ut de Mozart va bien au-delà de la résurgence du style fugué : tous les morceaux sont des sommets de la musique sacrée, par exemple le chœur d’entrée (Kyrie), les solos de soprane (Laudamus te, Et incarnatus est), les double chœurs (Qui tollis, Sanctus, Osanna), le quatuor de solistes (Benedictus)…